Rencontre avec des représentants du peuple Kogi

Le mardi 17 octobre, 22 éco-délégués de Notre-Dame, accompagnés de Mmes Gaté, Liaudois et Bernard, ont eu le privilège de rencontrer cinq représentants du peuple Kogi venu de Colombie (parmi lesquels un des gouverneurs, une soigneuse, un mamu – ou « chamane » -, un « semeur de graines et d’idées » et un étudiant). Cet événement exceptionnel, où étaient conviés les éco-délégués des établissements secondaires de la ville, était organisé à l’espace Landowski par la mairie de Boulogne et la Maison de la planète.

Le voyage des Kogis en France (et à Boulogne en particulier) vient d’une démarche initiée par Eric Julien, explorateur et ardent défenseur de l’environnement. En 1985, lors d’un trek dans les montagnes de la Sierra Nevada de Santa Marta au cours duquel il est pris d’un oedème pulmonaire, ce dernier est sauvé par les membres de cette communauté vieille de 4 000 ans, réfugiée à plus de 5 000 mètres d’altitude après les massacres menés par les Conquistadors au XVIe siècle. A son réveil, quand il leur demande pourquoi ils l’ont soigné et non laissé pour mort, les Kogis répondent : « Nous ne voulions pas laisser de déchets dans notre magnifique montagne ». Reconnaissant, Eric Julien découvre alors pendant plusieurs mois le mode de vie hors du commun du peuple autochtone, au plus près de la nature, à l’inverse des sociétés occidentales. Les Kogis se placent en effet dans une logique de dons et non d’exploitation des ressources dans « un monde dont les limites physiques commencent à être atteintes et dépassées » (dixit M. Baguet, maire de Boulogne). Le maître-mot : « prendre suppose de rendre ». Ils établissent par ailleurs un lien très fort, organique et poétique, entre le corps humain et le territoire : les montagnes représentent les poumons, la glace à leur sommet le cerveau, les rivières symbolisent les veines …

Pour remercier la communauté qui l’a accueilli, l’explorateur co-fonde l’association Tchendukua – Ici et Ailleurs, avec un double objectif : rendre les terres ancestrales des plaines côtières arrachées aux Kogis (à ce jour, l’association a réussi à racheter plus de 2 500 ha) et faire dialoguer les connaissances ancestrales du peuple et savoirs scientifiques modernes pour soigner la terre et restaurer le vivant. C’est ainsi que depuis 2018, à l’initiative de Tchendukua, certains représentants de la communauté, accompagnés de 25 scientifiques, ont été invités à deux reprises en France pour faire le diagnostic de « santé » des territoires comme la Drôme, la Corse et des forêts d’Ile-de-France, mais également rencontrer le public et notamment les plus jeunes.

Lors de la conférence-rencontre du 17 octobre, le gouverneur Arregocés Conchacala Zarabata a présenté la vision du monde de son peuple, magnifiquement traduit par Eric Julien. Puis, lors d’une petite cérémonie de remise de cadeaux, il a remercié nos éco-délégués qui ont offert à la délégation une magnifique photo des bords de Seine afin de rappeler l’importance de l’eau dans la vie et la ville. Il a déclaré avoir réalisé un de ses rêves : « voyager et parler avec des jeunes », afin de dialoguer et assurer la paix entre les peuples. Il a rappelé également la responsabilité des adultes, enseignants, politiques, d’aider les enfants à trouver leur chemin dans un monde chaotique. Les élèves ont enfin eu l’opportunité de poser leurs questions à la délégation, un moment d’enthousiasme collectif qui a montré la curiosité sans faille des plus jeunes et la sagesse pleine d’humour des Kogis (ces derniers ayant accepté de revêtir les bérets français offerts par les éco-délégués de Dupanloup à la place de leur chapeau traditionnel).

Merci à Mesdames Bernard, Gaté et Liaudois d’avoir accompagné les éco-délégués à la rencontre avec le gouverneur du peuple Kogis !

Madame Bernard nous a restitué dans son article la richesse de cette rencontre. Voici la carte postale de notre élève, Emma MAUVAIS en T-06, en signe d’accueil au gouverneur.